Des motifs et des lettres : zoom sur le métier de graveur sur pierre
Spécialiste en gravure sur pierre, Robert Maréchal nous en dit plus sur les dessous de ce précieux savoir-faire.
Spécialiste en gravure sur pierre, Robert MARÉCHAL travaille à son compte depuis 1976 au sein de RS Maréchal. Un métier d'art méconnu qu'il a vu évoluer au fil du temps. En quoi consiste-t-il exactement, à qui peut-il être utile et quels sont les enjeux qui pèsent sur ce métier de la pierre naturelle ? Robert MARÉCHAL nous en dit plus sur les dessous de son savoir-faire…
© Crédit photo : Amixstudio / Adobe Stock
Le graveur sur pierre, un artisan au savoir-faire minutieux
Graver des motifs ou des inscriptions demande une patience exemplaire et un doigté d'une extrême précision. On retrouve ce savoir-faire aussi bien dans la marbrerie funéraire (monuments, plaques, mobilier) que dans les bâtiments publics et historiques, en passant par l'architecture d'intérieur et la signalétique. Cet artisan de la pierre naturelle maîtrise à la fois les outils manuels, mécaniques et numériques et pratique l'art de la dorure, la sculpture de bas-reliefs et l'incrustation de matériaux dans la pierre.
M. MARÉCHAL, quel a été votre parcours pour devenir graveur sur pierre et comment avez-vous évolué professionnellement ?
Robert MARÉCHAL : J'ai fait mes études de graveur sur pierre au lycée des métiers de Coutances et j'ai réalisé plusieurs stages en Normandie. Mes parents étant dans les pompes funèbres, j'ai eu l'occasion de faire de la pose de monuments et me suis ainsi diversifié, notamment en marbrerie. Je me suis mis à mon compte en 1975 et suis toujours en activité. La plupart des graveurs sur pierre sont d'ailleurs des artisans à leur compte.
J'ai ensuite été correcteur d'examen à l'UNICEM, puis j'ai exercé en tant que formateur en marbrerie et gravure sur pierre tout en gardant mon activité. Je suis à la retraite depuis novembre 2021, mais je continue de travailler aujourd'hui. Avec un rythme moins soutenu !
Une des œuvres gravées de Robert MARECHAL
© RS Maréchal
Quels outils utilisez-vous au quotidien pour travailler la pierre ?
Robert MARÉCHAL : Pour la gravure manuelle, j'utilise des ciseaux traditionnels, une massette, ou encore un marteau pneumatique qui tape à 2500 coups/minute. Le geste est différent en fonction de l'outil utilisé. Je réalise aussi des tracés à la main que je reporte avec une machine à découpe, et je crée les motifs soit à la main, soit en sablage.
Ce dont nous avons aussi grand besoin, c'est de la patience : il ne faut pas vouloir aller trop vite ! Comme un calligraphe qui prend sa plume…
Quels sont les secteurs qui font appel à vos compétences ?
Robert MARÉCHAL : En dehors du funéraire qui représente environ 80 % du marché en gravure sur pierre, mon entreprise travaille sur des monuments historiques et aussi bien en création qu'en restauration. Nous avons réalisé des lettres de 22 cm sur un dallage du Trocadéro, et avons travaillé sur l'intérieur de la cathédrale Saint-Jean et sur le Palais de Justice de Lyon.
À Roissiat, des jeunes et anciens apprentis devenus formateurs se sont joints à nous pour réaliser le sentier Mémoire de Pierre. Long de 800 m, il propose une immersion dans l'histoire locale au travers de nos sculptures et gravures.
On peut aussi travailler avec des architectes qui viennent avec un dessin précis ou avec des particuliers qui nous donnent un motif trouvé sur Internet et qu'ils veulent sur la stèle de leur défunt.
Inscription gravée sur le palais de justice de Lyon
© RS Maréchal
Signalétique gravée
© RS Maréchal
À quoi s'attendre quand on se lance aujourd'hui dans le métier de graveur sur pierre ?
Robert MARÉCHAL : Ça peut être laborieux au début. Un graveur sur pierre est payé à la tâche. Un débutant va graver environ 20 lettres à la journée, ce qui est trop peu pour pouvoir en vivre, puisqu'il faut payer les matériaux (feuille d'or, peinture…), mais aussi les déplacements. Avec une pratique journalière, on peut graver davantage de lettres et ainsi améliorer son rendement.
Souvent, on entre dans le métier en étant tailleur sur pierre salarié et on pratique l'art de la gravure en microentreprise, jusqu'à ce que l'on puisse se dégager assez de revenus pour faire la bascule. Au final, beaucoup d'artisans se diversifient en exerçant plusieurs compétences.
Découvrez le métier de tailleur sur pierre
Qu'en est-il de la formation actuellement ? Manquez-vous de jeunes diplômés pour prendre la relève ?
Robert MARÉCHAL : C'est un beau métier qui n'est pas très connu. Il manque beaucoup de personnes dans les formations actuellement. Le CAP et sa mention complémentaire gravure sur pierre, qui permettait de se spécialiser après deux ans en taille de pierre, a été supprimé. Mais il a été remplacé par un BMA gravure sur pierre.
Les graveurs en activité ont également des difficultés à trouver des clients avec qui ils sont en relation directe dans le secteur du funéraire, car les pompes funèbres proposent de plus en plus des prestations complètes incluant la gravure sur pierre.
Actuellement, les commandes de gravure sur pierre ont entre 5 et 6 mois de délai.
Vous êtes intervenu plusieurs fois sur Rocalia. Qu'avez-vous présenté et comment était le contact avec le public ?
Robert MARÉCHAL : Je suis venu avec ma casquette de membre du Syndicat des Graveurs sur Rocalia 2019 afin de réaliser un puzzle en pierres de la région Auvergne Rhône-Alpes, en collaboration avec la Fédération Française de la Pierre Sèche et le LP de Remiremont.
Je suis revenu pour l'édition 2021, toujours en collaboration avec la Fédération Française de la Pierre Sèche et le LP de Remiremont, où nous avons gravé « Rocalia 2021 » sur un mur en pierre sèche.
Nous avons toujours un bon contact avec le public. Si les gens sont curieux de voir comment ce métier de la pierre naturelle s'exerce, je les accueille avec plaisir dans mon atelier !
Nos remerciements à Robert MARÉCHAL pour son retour d'expérience.