Un concours d'architecture imagine les possibilités de « la pierre adaptable »
4 projets lauréats proposent d'utiliser la pierre naturelle pour ajuster, réutiliser ou transformer une construction déjà existante.
Comment la pierre naturelle peut-elle s'adapter pour ajuster, réutiliser ou transformer une construction déjà existante ? Le concours « Construire en pierre structurelle » propose aux étudiants en architecture d'imaginer des solutions innovantes qui mettent la pierre naturelle à l'honneur. Les travaux de quatre binômes ont été récompensés lors de l'édition 2023. Retrouvez leurs projets ci-dessous !
Une source d'inspiration pour les architectes en quête d'un matériau multi-usage
Le concours « Construire en pierre structurelle » est un concours d'architecture annuel né en 2016. Il est organisé par l’École nationale supérieure d’architecture Paris-Val de Seine et sa matériauthèque, et s'est déroulé en 2023 en partenariat avec le Syndicat national des industries de roches ornementales et de construction (SNROC) et l’Association Les pierres sauvages de Belcastel.
Depuis sa troisième édition, le concours met la pierre naturelle à l'honneur via une thématique imposée :
- 2018 : « L'eau et la pierre »
- 2019 : « Jamais seule »
- 2021 : « Habiter la pierre »
- 2022 : « Les futurs paysages de la pierre »
- 2023 : « La pierre adaptable - Ajuster réutiliser, transformer »
Chaque année, les candidats planchent sur des projets basés sur des espaces et constructions existants, et leur redonnent vie. Ceci en fait une source d'inspiration intéressante pour valoriser les multiples utilisations de la pierre naturelle en architecture !
6 avantages de construire en pierre naturelle
Les projets sont à découvrir dans la salle exposition de l’ENSA Paris-Val de Seine et sur le site de l'ENSA.
1er prix : Théo RICARD et Léo CHANFRAY, “La greffe”, ENSA Montpellier
Ce projet situé dans le quartier de la Paillade à Montpellier apporte une réponse différente à la tendance à la gentrification des grands ensembles construits dans les années 60, souvent détruits puis reconstruits. Avec « La Greffe », l'équipe lauréate imagine une nouvelle pièce urbaine construite avec la pierre naturelle déjà disponible sur le site.
Nous avons imaginé un système constructif astucieux qui permet de transformer cette pierre non porteuse en module d’assemblage réplicable et porteur. Ainsi, nous avons conçu un assemblage de 4 pierres moisées, solidarisées entre elles, qui affichent désormais une épaisseur de 75cm. L’agencement des modules de pierres entre eux permet des découpes minimales. Les poutres porteuses viennent compléter le tout comme la “clé” de l’ensemble. Elles sont protégées en façade par une platine ornementée en laiton qui souligne l’importance de cet élément.
Le projet permet également de recréer une vie sociale par la transformation de commerces, la création d'une médiathèque et la réhabilitation de la toiture en espace partagé.
2e prix : Coline ASQUIN et Aminata DIALLO, “Projet VIII”, ENSA Lyon
Cette équipe a travaillé autour de la ville italienne de Carrare, et plus particulièrement sur un phare imaginé pour son port, visible à la fois depuis les carrières et la mer, construit avec un des plus beaux marbres du monde. Le marbre de Carrare est ici mis à contribution pour être témoin de l'histoire de la ville, de sa pierre et de ses techniques de construction.
Face à la disparition des techniques de construction du marbre comme pierre structurelle et l’amenuisement de sa filière locale, cette situation suscite une impérieuse nécessité de transformer le rapport qu’entretient le monde avec le marbre et la ville de Carrare. Le projet se doit alors d’être manifeste, par l’acte de bâtir, par sa technique constructive et surtout par son récit. Alors, par l’acte architectural, la pierre voyage sur une échelle territoriale pour rayonner à l’échelle mondiale.
Le projet imagine un jeu de lumière et de matière qui permet au phare de s'illuminer de l'intérieur la nuit en mettant à contribution la translucidité du marbre du Carrare.
3e prix : Colleen DOHERTY et Pierre GUILLAUME, “L'histoire du Châtelet re-taillée dans la pierre, ENSA Saint-Etienne
Au nord-ouest de Saint-Étienne, dans une zone classée natura 2000, se trouve une chapelle romane accrochée aux ruines d’une ferme du XVIIIe siècle. Accessible par un chemin de randonnée ou par une barque, c'est un témoin des Gorges de la Loire que cette équipe a souhaité revaloriser.
Par contrainte libératrice,
Les dimensions des pierres biosourcées décident de leur emplacement
gommant les coûts relatifs aux distances
l’autel, ancien linteau, devient imposte,
la terre disponible : mortier,
bois du cintre : menuiseries,
foisonnements : isolant de toiture, un confort hygrométrique.La géométrie du lieu poursuit son sens
l’art de la stéréotomie dicte le volume du projet :
claveaux en granit rose préfabriqués à la carrière des Rochains à 5km
puis, la croûte récupérée, protège la ruine des intempéries.
Un levier de métabolisme urbain.
Regarde, les coups d’outils laissé par Alain.
Mention spéciale : Delphine BONTE et Simon HARDY, “Bâtir la place”, ENSA Nantes
Le vaste projet de cette équipe met en scène le quartier Nantes nord et imagine une un programme urbain à l'échelle de l'ilot, combinant places publiques et variété d'usages, pour redéfinir ce site historique. Il incorpore avec une réflexion approfondie sur le rapport au sol et les espaces de circulation.
La pierre naturelle intervient sur plusieurs niveaux, notamment :
- Façade porteuse en pierre massive de 35 cm d'épaisseur
- Voûtes à encorbellement de pierres naturelles
- Système constructif de refends en pierre massive
On peut faire énormément de choses avec la pierre naturelle, et beaucoup ont déjà compris l'importance de ce matériau d'avenir. Le salon professionnel Rocalia accueille tous les deux ans le concours « Construire en pierre naturelle au 21e siècle ». Rencontrez nos vainqueurs 2023 lors de la prochaine édition du seul salon dédié à la pierre naturelle, du 5 au 7 décembre 2023 !